Des enfants «ingrats» ?
Mutation -- La vénération des parents, une valeur incrustée dans notre société, est, malheureusement, en train de se perdre. Les enfants abandonnent leurs géniteurs, sans aucun remords !
Alors que leurs parents peinent à assurer leur survie en s’adonnant aux petits métiers, les enfants ne s’en soucient guère. Ils mènent une vie loin tranquille et ne se gênent pas de voir leurs géniteurs dans une situation de détresse. Là, c’est tout le système social qui connaît, ces dernières années, un bouleversement aux nombreuses conséquences. Un comportement pareil était, auparavant, interdit dans notre société où celui qui abandonnait ses parents était banni. Même la religion musulmane prescrit le respect des parents et leur prise en charge par leur progéniture. «Auparavant, même lorsqu’il s’agissait de marier une fille, on demandait d’abord, et avant toute autre considération, si le prétendant respectait ses parents. Et s’il était prouvé qu’il était indélicat vis-à-vis de ses parents, un refus catégorique lui était signifié», se souvient El-hadj Amirouche, septuagénaire. Le respect des parents était un principe inculqué aux enfants dès leur plus jeune âge, poursuit notre interlocuteur. «Les enfants craignaient la malédiction et ils tenaient donc à respecter leurs parents.
Et c’est la raison pour laquelle aucun vieux n’était contraint de travailler pour sa survie, alors qu’aujourd’hui on assiste à ce désolant phénomène de personnes âgées qui triment encore. C’est honteux pour notre société», regrette notre interlocuteur.
De nombreuses personnes âgées que nous avons rencontrées, nous ont affirmé qu’elles ont des enfants qui ne manquaient de rien, mais qui les ont abandonnées à leur triste sort. «Vous êtes ingrats, Allah issamehkoum (que dieu vous pardonne). Nous faisons tout et nous souffrons le martyre pour vous élever dans les meilleures conditions possibles et quand vous devenez des hommes, vous nous laissez tomber», déplore un homme qui tient une table de cigarettes à Bab-Ezzouar.
Il affirme avoir deux enfants, un architecte et un commerçant, installés depuis cinq ans à Oran et qui ne lui rendent visite qu’à l’occasion des fêtes religieuses. «Ils me rendent visite, m’apportent quelques gâteaux, me donnent une somme d’argent insignifiante et me fixent rendez-vous pour la prochaine fête de l’Aïd», se lamente-t-il, insistant sur sa détermination à ne pas solliciter leur aide.
A. H.